Peut-on se mettre à la place d'autrui?
Chapeau : Le langage populaire est souvent loin de l’aspect péjoratif que certains veulent bien lui donner. Il est souvent le reflet de l’expérience. Ainsi, on dit familièrement « je me mets à ta place », par compassion, ou encore « mets toi à ma place » pour appeler son interlocuteur à comprendre une situation particulière à laquelle on est confronté. Si l’on en croit ces expressions, il serait possible d’emprunter l’identité d’autrui (introduction de la problématique). La figure d'autrui est un concept qui, selon Hegel, incarne un autre Moi, un sujet semblable puisque il est comme moi conscient, et différent dans la particularité de cette conscience. Si la condition d'autrui est particulière, selon le milieu duquel on est issu, selon les défis qu'il a affrontés, selon les rencontres qu’il a faites, selon son caractère, comment moi qui ait eu d'autres conditions particulières pourrais-je me mettre à sa place ? Le peut-on à proprement parler ? (problématique) L’expression populaire est-elle juste (1ére partie) ? Non, à proprement parler, mais elle contient une part de vérité (2ème partie). Quelles peuvent alors en être les conséquences (3ème partie) ?
Partie I : l’expression nous dit qu’on peut mais, fondamentalement, on ne peut pas.
Il existera toujours un écart entre ce qu'autrui vit et la manière dont je me représente ce qu'il vit. Essayer de se mettre à la place de l'autre, c'est non seulement oublier son vécu, ses a priori, et tout ce qui fonde à la fois notre identité et notre place dans le monde, mais surtout transposer sa situation dans le contexte "d'autrui" et ressentir le monde selon son point de vue particulier, intime. Ce déplacement de conscience est rendu problématique par le même concept qui fonde notre identité en tant que personne : L'autre n'est pas moi.
Nous ne pouvons jamais nous mettre à la place de l'autre même quand nous avons vécu des situations similaires aux siennes, nous ne sommes pas lui. Lorsqu’on essaye