Peut on tout échanger
Le corps humain comme objet de transaction
Réflexion sur le don et le commerce des organes
Résumé
L’interdiction du commerce des organes est parfois remise en cause par les partisans d’un libéralisme prétendant que la liberté de disposer de sa personne et de son corps ne peut être limitée.
Cependant la question se pose de savoir si l’on peut encore parler de liberté en ce domaine. N’y a til pas une contradiction dans les termes à remettre ainsi en cause la distinction entre les choses et les personnes sur laquelle reposent les lois concernant le don et le commerce de tout ou partie du corps humain ? Si tout ne peut faire l’objet d’un échange de type économique, n’est-ce pas pour rendre possible le don et le partage qui constituent des manifestations, parmi les plus hautes, de la liberté humaine ?
Au sens le plus général, l’échange désigne un mouvement d’action réciproque entre deux termes.
En ce sens, l’échange déborde la sphère purement économique, il peut être social (nous échangeons des paroles, des regards), amoureux (échange de caresses ou de marques de tendresse), voire biologique, l’être vivant échange avec son milieu. Envisagé sous cet angle, il pourrait sembler en apparence que tout puisse s’échanger. Cependant, cette formule peut sembler choquante pour la conscience morale, dire que tout peut s’échanger, c’est sous entendre que même les hommes peuvent être objet d’échange et que le marché aux esclaves n’est qu’un commerce comme un autre.
Or, si la pratique de l’esclavage tend, fort heureusement, à disparaître. Il est cependant d’autres pratiques qui, de nos jours, posent des problèmes similaires. Ainsi en est-il aujourd’hui du commerce des organes ou de la gestation pour autrui. Un homme est-il en droit de faire de son corps ou du corps d’autrui (totalement ou partiellement) un objet d’échange ? Faut-il voir dans les principes, qui s’appliquent conformément à la