Peut-on vivre sans opinion ?
L’opinion, terme d’origine latine (opinio, onis : la croyance, la conjecture), peut être située sur une échelle de connaissance entre la science et l’ignorance. A chaque opinion sont associés un certain degré de science que l’on retrouve dans les évènements et faits observés, mais aussi, une part de subjectivité, ce qui fait d’elle une connaissance imparfaite et insuffisante. Ainsi, en comparant le savoir et l’opinion, on prétend la présence de différences mais aussi de points communs bien qu’elle ait été considérée, depuis l’allégorie de la caverne de Platon, comme opposée à la science. La différence entre l’opinion et le savoir tient aux choses sur lesquelles toutes le deux se prononcent. Donner son opinion, c’est dire comment nous percevons les évènements, c’est donc attribuer une valeur (part de subjectivité) à des faits. Néanmoins, même si l’opinion est arbitraire, elle n’est pas forcément absurde. Au contraire, nos opinions nous apparaissent pleines de sens.
L’opinion peut donc paraître insatisfaisante et complètement dépassée par la science et pourtant, elle semble être présente à toutes les échelles : ne nous constituons pas une opinion pour choisir la couleur de notre future paire de chaussure ? Pourquoi existe-t-il des débats ?
Il apparaît donc un paradoxe (qui d’ailleurs vient du grec παράδοξος : contraire à l’opinion commune). Pourquoi les opinions sont-elles si puissantes et omniprésentes, voire paraissent indispensables ? Mais aussi, comment peut-on se passer de nos opinions ? Et comment aller au-delà de l’opinion ?
C’est à ces trois questions qu’il convient désormais d’apporter une réponse.
Il est aujourd’hui commun de prétendre qu’avoir une opinion personnelle permet de constituer sa propre personnalité.
Quelles sont les sources de nos opinions ? Fondées sur des faits, les opinions proposent une certaine manière de les appréhender, et d’interpréter les conséquences. Souvent, elles proviennent de nos proches,