Peut on éliminer la pauvreté en france? - alain leroux
Oui, assurément. Ou du moins la pauvreté monétaire, qui n’est certes qu’un aspect de la pauvreté mais qui est sans doute le plus important. La pauvreté se définit en effet au sens strict du terme, comme un manque d’argent ou de ressources. La France figure parmi les pays développés consacrant le plus de ressources à l’assistance (près de 3% du PIB). L’assistance emprunte chez nous une forme particulière de fraternité : la solidarité. Elle s’exprime par un faisceau d’allocations (allocations familiales, allocations logement, RMI, minimum vieillesse...) qui sont autant d’obligations, pour l’ensemble des citoyens qui les financent, que de droits, pour ceux d’entre nous qui répondent aux conditions de leur perception. Ce dispositif a permis de diminuer par deux le taux de pauvreté en France, entre 1970 et 1990 ; chaque année, il hisse 8 millions de personnes au-dessus du seuil de pauvreté (autour de 750 euros par mois, aujourd’hui, pour une personne vivant seule). Mais il n’y arrive plus, depuis 1990, à améliorer sensiblement la situation et laisse définitivement 4 millions de personnes en dessous de ce seuil (dont 1 million d’enfants). En effet, les performances de notre mécanisme d’assistance n’en sont pas moins accablantes. Pour deux raisons. La première est sa faible efficacité, pour ne pas dire l’étrangeté de ses résultats : pour 4 euros consacrés à l’assistance, 1 seul est perçu par une personne en danger de pauvreté. Dans le même temps, la demi-population la plus riche, qui n’est pas a priori celle qui en a le plus besoin, perçoit 20% des aides. La seconde raison est l’absence de perspective : s’il peut être amélioré à la marge, en tentant d’éliminer les défauts les plus criants (ce que vise le RSA), notre dispositif est dans l’incapacité de réduire notablement la grande pauvreté... Parce qu’il ne peut pas réorganiser la vingtaine d’allocations qui se sont accumulées au cours du dernier demi-siècle, afin de