Phedre
Racine respecte les règles de la tragédie classique, les bienséances en dépit des excès de la passion, et, avec cette pièce, porte le genre à son sommet. L'intrigue est simple : elle comporte une seule péripétie et sa progression est uniquement psychologique. Le rythme de la pièce fait alterner les tendres murmures d'Aricie, les mâles paroles d'Hippolyte et les éclats déchirants de Phèdre. Plus qu'un dessin mélodique, c'est une pulsation qui s'apaise ou se précipite à la manière d'un cœur tourmenté. Peu d'œuvres dramatiques supportent aussi mal le ton déclamatoire qu'affectaient naguère certains tragédiens.
Le dénouement est inattendu et la pièce se termine hors de toute espérance : Thésée ne pourra plus aimer Phèdre ; Phèdre ne peut plus aimer Hippolyte ; Aricie est comme veuve avant d'avoir été mariée. Ce dénouement est un effondrement sans rémission de toutes les constructions sentimentales ou passionnelles que dressaient les héros et dont se jouent les dieux.
Il y a aussi une intrigue politique, mais, si les drames de l'ambition viennent se mêler par moments à ceux du coeur, ils y sombrent bien vite : Hippolyte ne veut donner le trône d'Athènes à Aricie que parce qu'il l'aime ; Phèdre est prête à en déposséder son fils pour tenter de conquérir par ce moyen l'amour d'Hippolyte. Intérêt psychologique Racine montre une grande habileté et une grande profondeur psychologiques. Tous les héros