Philo
Plan
I. On reçoit tout enseignement de l'expérience. 1. L'expérience comme pratique : l'expérience enseigne le savoir-faire. 2. L'expérience comme rencontre du :" réel ». 3. L'expérience, par opposition au discours, est la seule source d'un enseignement véritable. II. L'enseignement n'est pas « reçu » de l'expérience, mais tiré d'elle. 1. Il n'y a d'enseignement de l'expérience que par une activité de l'esprit. 2. Premier aspect de cette activité : le langage. 3. Second aspect : la construction de l'expérience scientifique. III. Le paradoxe de l'expérience : l'esprit s'instruit auprès d'une expérience qu'il construit lui-même.
1. L'esprit n'est pas produit par l'expérience : critique de Condillac.
2. L'esprit précède l'expérience : existence d'un enseignement qui n'est pas reçu de l'expérience.
3. La collaboration de l'esprit et de l'expérience : Kant.
Le sens commun valorise l'expérience : il oppose à la théorie abstraite, détachée du réel, l'expérience concrète, vécue. Celle-ci serait donc la seule source d'un enseignement véritable : aux mots vides, elle substituerait le contact plein et immédiat avec la réalité. Quelle distance par exemple entre ce que les livres disent de l'amour ou de la souffrance, et l'expérience même de ces situations! Toutefois, cet enseignement est-il, à proprement parler, « reçu » de l'expérience? Suffit-il de tendre l'oreille pour entendre les leçons de l'expérience? L'expérience est-elle à ce point « parlante »? N'est-ce pas plutôt à nous qu'il appartient de « tirer » des leçons de l'expérience? L'expérience n'enseigne qu'à celui qui sait l'interpréter. Nous sommes dès lors placés devant un paradoxe : l'esprit devrait sa richesse à l'expérience, mais en retour, l'expérience ne devient enrichissante que par l'apport de l'esprit. C'est ce paradoxe que nous devons approfondir.
C'est un lieu commun de dire que l'expérience