Philo
Faire l’histoire, c’est être la cause, l’auteur de ce qui arrive dans le temps, ne pas subir. Si l’homme ne peut échapper à la fuite du temps, à sa temporalité, il semble qu’il est à la différence des choses et des animaux, la maîtrise de ce qu’il fait dans le temps que ce soit au plan individuel ou collectif. C’est d’ailleurs pour cette raison que si tout est dans le temps, l’homme seul aurait une histoire, c’est-à-dire un devenir choisi et volontaire et non pas soumis au mouvement de la nature et à ses lois. Mais d’un autre côté, l’homme est aussi le seul être inachevé, qui ne soit pas « au bout de quelques mois ce qu’il sera toute sa vie et son espèce au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans » comme le dit Rousseau de l’animal dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. L’homme a besoin de temps pour se perfectionner, pour devenir ce qu’il est. Et c’est finalement par son histoire, dans son histoire qu’il se fait. Aussi on peut se demander si c’est l’homme qui fait l’histoire ou si c’est elle qui le fait. Poser cette question, c’est aussi présupposer que l’homme est maître de son devenir comme extérieur à l’histoire qu’il fait en un sens. C’est donc du problème du rapport de l’homme, et plus particulièrement du rapport de causalité entre les deux dont nous allons traiter en nous demandant si l’histoire, le devenir historique n’est pas le produit de l’action humaine, si pour autant l’homme est la seule cause de l’histoire et même un effet de l’ histoire et si finalement l’homme n’est pas condamné à se faire en faisant l’histoire qui le fait dans un rapport dialectique.
I. il semble que l’homme fasse l’histoire
L’histoire, c’est par définition le devenir de l’humanité, l’ensemble des faits et gestes des hommes et, plus particulièrement, des grands hommes. « Nous savons que le plus intime de nos gestes contribue à faire