Dans le jargon judiciaire, on parle fréquemment de "circonstances atténuantes" qui allègent la peine d'un condamné lorsque certaines circonstances ont été reconnues en sa faveur. C'est en référence à ce type de situation que Saint Thomas d'Aquin a mené une réflexion quant à la légitimité du droit dans son oeuvre Somme théologique. Il interroge directement les rapports entre légalité et légitimité et réfute le dogmatisme selon lequel un acte puni par la loi est forcément illégitime. Ainsi, les actes condamnables par le droit humain comme le vol peuvent-ils être légitimés par le droit naturel ? L'auteur démontre d'abord, en élaborant une hiérarchie des droits, que le droit humain doit accorder des biens à tous les hommes en fonction de leurs besoins (lignes 1 à 7) ; il énonce ensuite une conséquence pratique de son raisonnement grâce à un argument d'autorité : les plus aisés ont le devoir d'aider les plus démunis (lignes 7 à 14) ; enfin, il affirme que dans certaines conditions, le vol est légitimé par le droit naturel.
C'est par un raisonnement déductif que Saint Thomas d'Aquin va démontrer que le droit humain devrait accorder aux hommes des biens offerts par la nature pour les besoins de tous. La première étape de son raisonnement est présentée comme un postulat, une vérité incontestable.
[...] Dans la seconde étape de son raisonnement, l'auteur confirme notre première interprétation : « selon l'ordre naturel instauré par la divine providence ». L' « ordre naturel » évoque une hiérarchie déjà instaurée arbitrairement par Dieu, l'intervention religieuse est clairement perceptible. L'auteur affirme que « les réalités inférieures » sont soumises et dépendent de l'homme. Ces « réalités » désignent donc toute entité inanimée ou tout animal. Les deux premières affirmations de Saint Thomas d'Aquin constituent ainsi une hiérarchie : les objets de la nature ainsi que animaux sont soumis aux hommes eux-mêmes dépendants de la puissance divine. Dieu a donc mis à