PHILOOOO
PAUL MILAN
Peut-on assimiler le vivant à une machine ?
Introduction
Assimiler quelque chose à, c’est traiter comme semblable à, c’est regarder comme semblable. L’assimilation est donc une opération de l’esprit par laquelle on réduit les différences. Elle suppose la priorité de la différence des termes que l’on va assimiler l’un à l’autre. On n’assimile pas un chat à un chat, cela n’a pas de sens. D’où une remarque importante : l’assimilation n’est pas une stricte identification. Il est fort possible de traiter quelque chose comme semblable à autre chose sous un certain rapport, tout en maintenant une différence entre les deux termes en question, en eux-mêmes ou sous un autre rapport. Assimiler le vivant à une machine n’implique pas une identification stricte, à moins de supposer que seule une réelle identité de nature entre le vivant et la machine autorise l’esprit à assimiler le premier à la seconde. Faut-il supposer une identité de ce type pour que l’assimilation soit légitime ? Faut-il supposer que le vivant n’est en luimême rien d’autre qu’une machine ? Mais si c’était le cas, si le vivant n’était rien d’autre qu’une machine pourquoi faudrait-il déployer tant d’efforts et d’ingéniosité, de ruse, pour l’y assimiler ? Ces efforts devraient alors être consacrés à le distinguer de la machine. Les questions liées de la possibilité et de la légitimité de l’assimilation du vivant à la machine impliquent nécessairement, pour leur résolution, la question de la finalité de cette assimilation. Historiquement cette assimilation a pour fin la connaissance du vivant et elle est récurrente dans l’histoire des sciences et de la philosophie. Cette dernière, en tant qu’entreprise de réflexion critique sur la réalité et sur nos conceptions de la réalité, ne peut manquer d’interroger la légitimité d’une telle assimilation. Que signifie assimiler le vivant à une machine ? C’est affirmer que les phénomènes vitaux peuvent être expliqués suivant les