Phèdre acte 1 scène 3
La scène sera étudiée en entier pour prendre en compte son rythme en crescendo et la gestuelle de Phèdre, qui, d’immobile et de quasi muette, s’élance dans une longue tirade enflammée. Il s’agit de la grande scène du premier acte, l’acte d’exposition. Phèdre entre en scène après avoir été décrite comme mourante par Théramène (v.45 "Phèdre atteinte d’un mal qu’elle s’obstine à taire" ) et par sa nourrice, Oenone (v.147 "Un désordre éternel règne dans son esprit" ). Cette entrée en scène est ainsi chargée de mystère. Il faut noter la particularité de cette exposition : on arrive à un moment de crise, le premier acte s’ouvre en effet sur un départ, Hippolyte veut partir à la recherche de son père, suite à une absence de six mois de Thésée. Phèdre apparaît exténuée, aux portes de la mort. La longue scène que nous analyserons est l’aveu de Phèdre à Oenone : elle lui confie les raisons de son mal. C’est un aveux difficile et douloureux, elle "accouche" d’une vérité qu’elle porte en elle et qu’elle ne peut plus cacher. Qu’est-ce qui fait l’originalité, la beauté et la force émotive de cet aveux ?
I. Une entrée en scène spectaculaire :
1. L’importance du geste et du corps :
• Geste : La seule didascalie de la pièce au vers 157 : "elle s’assied". Dans les pièces classiques, tout reposait sur la parole. Le texte primait sur tout, alors qu’au XXème siècle, tout se joue sur le geste. La didascalie montre l’épuisement du personnage, que l’on a déjà annoncée comme mourante.
• Corps : Phèdre décrit une série de symptômes : son corps est mourant. Allusion aux yeux (v.155), au vers 166 : refus de voir la lumière et au vers 184 : "Et mes yeux, malgré moi, se remplissent de pleurs". C’est la puissance du corps contre laquelle on ne peut pas lutter et "pleurs" rime avec "douleur".
Phèdre fait un début d’anorexie et d’insomnie. Au vers 182 : son corps trahit sa faute, par le biais de la rougeur. Dans la tirade finale, v.237 : "Je le vis, je rougis, je palis à sa