Pierre michon, les onze (page 12 a 14)
Sachant que les Onze et son peintre n’existent pas, Pierre Michon dupe-t-il le lecteur ou amorce-t-il un mode de lecture ?
« Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze ». Nous ? Oui, c’est bien à nous que s’adresse Pierre Michon. Pierre Michon historien. Pierre Michon romancier. Pierre Michon poète. Pourtant, personne n’à le souvenir d’avoir déjà aperçu ce tableau, normalement exposé au Louvre. Son peintre est toutefois décrit avec beaucoup de conviction des la première page du livre. François-Elie Corentin est l’auteur du précieux tableau des Onze, « cène révolutionnaire » représentant le Comite de salut public, responsable de la Terreur de 1794. Des pages 11 à 14, le Tiepolo de la Terreur s’impose d’abord grâce a une cataphore, poursuis son chemin a travers plusieurs tableaux pour enfin se dévoiler en tant que personnage fictif. « Il était de taille médiocre, effacé […] » Alors que toute description s’amorce généralement par le nom du personnage concerné, Pierre Michon à préféré répéter plus de vingt fois en quatre pages le pronom « il ». Ce syntagme renvoie sémantiquement au conséquent, ici un nom, Corentin : c’est une cataphore. Si il n’y a pas de nom des le début, le lecteur ne sait pas de qui il s’agit mais s’habitue a une présence, l’assimile en tant qu’individu réel. Grace à l’apparition tant attendue du patronyme, François-Elie Corentin, à la page 39, le lecteur possède enfin un nom auquel s’accrocher, comme pour justifier les vingt-huit pages précédentes. Le personnage de Corentin s’impose donc tout naturellement dans l’imaginaire, et les faits sont acceptés. La cataphore a permis à Pierre Michon de servir de guide et de « duper » le lecteur déjà perdu. Il continue par la suite ce rôle de guide en décrivant son héros à travers divers tableaux célèbres, lui accordant ainsi encore plus de crédibilité. François-Elie Corentin dispose désormais d’une lignée, d’une histoire.
Michon représente