Pleiade
Son «noyau dur» : Ronsard, Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf (1532-1589), condisciples au collège de Coqueret. Ceux qui l’ont rejoint : Étienne Jodelle (1532-1573), _ Rédigé à la hâte pour prendre le contre-pied de l’_Art poétique_ de Thomas Sébillet, ce manifeste exprime une "heureuse inconséquence" (V.L. Saulnier) : préconisant l’imitation des langues anciennes, il n’exclut pourtant pas que la langue française rivalise à son avantage avec elles, et, du même coup, il alimente une réflexion déjà moderne sur le caractère transitoire des civilisations._ _
Quoi donc (dira quelqu’un), veux-tu à l’exemple de ce Marsyas, qui osa comparer sa flûte rustique à la douce lyre d’Apollon, égaler ta langue à la grecque et latine ? Je confesse que les auteurs d’__icelles nous ont surmontés en savoir et faconde : ès quelles choses leur a été bien facile de vaincre ceux qui ne répugnaient point. Mais que par longue et diligente imitation de ceux qui ont occupé les premiers ce que nature n’a pourtant dénié aux autres, nous ne puissions leur succéder aussi bien en cela que nous avions déjà fait en la plus grande part de leurs arts mécaniques, et quelquefois en leur monarchie, je ne le dirai pas; car telle injure ne s’étendrait pas seulement contre les esprits des hommes, mais contre Dieu, qui a donné pour loi inviolable à toute chose créée de ne durer perpétuellement, mais passer sans fin d’un état en l’autre, étant la fin et corruption de l’un, le commencement et génération de l’autre._ _
I, VIII et IX_ _(texte modernisé)_ _
Mais y a manière de juger les obscurités. Car si le poète n’use pas de mots trop recherchés, ni trop affectés, ni impropres, s’il n’est pas trop bref, s’il a suivi une bonne organisation (autant de points qui garantissent contre l’obscurité), alors ce sera la faute du lecteur, et non de l’auteur, s’il n’est pas compris. De même, si pour quelque fable alléguée en passant, si pour quelque problème de