Pm et président: collaboration
Lors d'un déjeuner avec des journalistes de la presse quotidienne régionale à la fin du mois d’août, le président de la République Nicolas Sarkozy a déclaré : «Le Premier ministre est un collaborateur, le patron, c'est moi» (Sud-Ouest). Faisant suite à cette déclaration, le Premier ministre François Fillon s’est efforcé de nuancer cette affirmation : «C’est une expression que je ne reprendrai pas. Un collaborateur, c'est quelqu'un qui est appointé par un patron. Je suis un homme politique. Un homme politique, c'est quelqu'un qui a des convictions, une légitimité - le suffrage universel […] le Premier ministre est là pour mettre en œuvre la politique du président de la République » (Libération). Dans la Constitution, il n’y a pas de définition précise du Premier ministre. On précise cependant ses fonctions, notamment la première qui apparait à l’article 20 : «Le Premier ministre dirige l’action du Gouvernement ». Quant au mot « collaborateur », c’est habituellement une définition péjorative qui nous vient à l’esprit : c’est quelqu’un qui exécute les tâches d’un autre. Ainsi, le Premier ministre se bornerait-il à n’être qu’un simple « collaborateur » ? On verra que dans un premier temps, qu’il y a bien une relation de « collaboration » entre les deux personnages, pour ensuite montrer que le deuxième homme de l’Etat arrive à s’émanciper de la tutelle du président pour ne plus être vu comme un simple assistant. I) La relation de « collaboration » entre les deux personnages
Le Premier ministre et le président de la République sont en contact permanent. Le Premier ministre est même dans certains cas son « collaborateur », sous deux sens bien distincts.
A) Quand « collaboration » rime avec « hiérarchisation »
A la naissance de la Ve République en 1958, la fonction de « Premier ministre » n’existe pas. Le général de Gaulle veut seulement