Points communs et spécificités des régimes totalitaires
Malgré leurs différences, les régimes totalitaires en URSS, en Italie et en
Allemagne ont en commun un certain nombre de traits qui justifie le concept sous lequel on les rassemble. L’adjectif « totalitaire » est utilisé pour la première fois en
1924 par le libéral italien Giovanni Amendola pour dénoncer le fascisme. Il est ensuite repris par Giovanni Gentile, théoricien du régime, et par Mussolini lui-même. Le terme
«totalitarisme» s’affirme véritablement lors du pacte germano-soviétique (1939), avant d’être développé par Hannah Arendt (Les origines du totalitarisme, 1951), puis par des politologues américains, qui ont décrit ses principaux critères.
De manière lapidaire, un Etat totalitaire est une dictature d’un type particulier, dont l’objectif est de contrôler tous les aspects de la société, pour édifier un «homme nouveau», en mobilisant la population dans des structures spécialisées, en contrôlant les esprits par une propagande intensive, et en terrorisant les adversaires - réels ou fictifs - du régime. En quoi la comparaison des systèmes totalitaires permet-elle de révéler des points de convergence et de divergence entre les régimes soviétique, fasciste et nazi ? Des crises profondes et multiformes sont à l’origine de ces dictatures singulières. Les idéologies qui assurent leur fonctionnement présentent, par-delà les disparités, le même projet de fonder une société nouvelle. Les mécanismes du pouvoir reposent tout d’abord sur le rapport entre le dictateur, le parti unique et l’Etat, puis sur la volonté de contrôler totalement de la population.
I) LES ORIGINES DES RÉGIMES TOTALITAIRES
A) Des crises profondes et multiformes
1) L’ascension des bolcheviques en Russie
Le régime tsariste est contesté par les socialistes, divisés en deux groupes : les bolcheviques (révolutionnaires) dirigés par Lénine, et les mencheviques (modérés).
En février 1917, des boulangeries de