Politique des etats proches-orientaux
Le phénomène de structuration économique initié au début de l'ère Néolithique atteint un niveau critique, qui entraîne l'émergence d'une nouvelle cellule sociologique, la ville, ainsi que l'avènement d'inégalités sociales3. L'invention de l'écriture permet l'administration rationnelle d'un espace donné : « les écrits, en effet, permettent de porter au loin des messages, de noter des comptes, de conserver des archives, toutes ressources susceptibles d'aider au plus haut degré l'administration de l'État »4. L'avènement conjoint de ce modèle sociologique et de cette technologie intellectuelle contribue à l'émergence d'une structure humaine nouvelle, l'État, et de son corollaire, la politique.
À partir de l'an 3000 av. J-C, Les Cités-États qui apparaissent en Mésopotamie semblent privilégier des régimes politiques assez proches de la monarchie constitutionnelle, voire de la république. Un poème sumérien étudié en particulier par Samuel Noah Kramer fait ainsi état de la présence de deux assemblées à Uruk, l'une, l'assemblée des anciens, s'apparentant à une sorte de sénat, l'autre à une assemblée du peuple. La légitimité du roi d'Uruk semble dépendre étroitement de ces deux assemblées : il ne déclare en effet la guerre à la cité de Kish qu'après avoir reçu au moins le soutien de l'assemblée du peuple5. Qui plus est, l'attribution du pouvoir royal n'est que rarement héréditaire. Le terme sumérien pour désigner le roi, Lugal, consiste en effet en l'association de la racine Lu, homme et gal, grand. Ce qui importe ici avant tout ce sont les qualités morales et nullement l'appartenance héréditaire : Sargon d'Akkad n'obtient ainsi le trône que grâce à ses vertus royales6.
Progressivement le pouvoir monarchique se renforce, tout à la fois en puissance (les premières cérémonies de sacre, qui impliquent une légitimité de droit divin apparaissent au