Post-modernité
« Débats publics »
Sur la Post-modernité
Professeur Michel Maffesoli1
Sociologie
Université de Paris V Sorbonne
Qu'en est-il de la postmodernité ?
Il est, certes, toujours bien délicat de «touiller» dans les marmites du futur. On peut, cependant, donner quelques indications, rassembler quelques indices, et ce afin d'indiquer des grandes tendances. D'autant que l'on voit revenir, légèrement modifié, ce que l'on avait cru dépassé. Pour être plus précis, il ne s'agit pas là d'un «éternel retour» du même, mais, ainsi que l'indiquait en son temps le philosophe Nicolas de Cuse, d'une croissance prenant la forme de la spirale. Pour le dire plus nettement encore, si une définition, provisoire de la postmodernité devait être donnée, ce pourrait être : «la synergie de phénomènes archaïques et du développement technologique». C'est ainsi que, pour reprendre les grands thèmes explicatifs de la modernité : État - nation, institution, système idéologique, on peut constater, pour ce qui concerne la postmodernité, le retour au local, l'importance de la tribu et le bricolage mythologique.
Éléments de la post-modernité
Le local.
Premier indice de l'hétérogénéïsation galopante parcourant nos sociétés. Il est intéressant, à cet égard, de noter le retour en force, dans les divers discours sociaux, de termes tels que «pays»,
«territoire», «espace», toutes choses renvoyant à un sentiment d'appartenance renforcé, au partage émotionnel. En bref, au fait que le lieu fait lien. Un lien, donc, qui n'est pas abstrait, théorique, rationnel. Un lien qui ne s'est pas constitué à partir d'un idéal lointain, mais, bien au contraire, se fonde, organiquement, sur la commune possession de valeurs enracinées : langue, coutumes, cuisine, postures corporelles. Toutes choses quotidiennes, concrètes, alliant en un paradoxe, qui n'est pas qu'apparent, le matériel et le spirituel d'un peuple. Il y a lieu de réfléchir là-dessus : un tel
matérialisme