Pour une anthropologie de la prière
Pour une anthropologie de la prière
In: L'Homme, 1994, tome 34 n°132. Anthropologie de la prière. pp. 7-14.
Citer ce document / Cite this document : Headley Stephen. Pour une anthropologie de la prière. In: L'Homme, 1994, tome 34 n°132. Anthropologie de la prière. pp. 7-14. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1994_num_34_132_369821
Pour une anthropologie de la prière par Stephen C. Headley
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adresser à un dieu, converser avec lui au-delà du sens que comportent habituellement les paroles des hommes, doit sans doute exiger du locuteur des techniques ou procédés particuliers. L'invocat ionbien une forme singulière de communication, à la fois familière et est incompréhensible. Partout présente dans les sociétés qu'étudie l'ethnologue, elle n'a toutefois été que rarement considérée pour elle-même, alors que mythes, rites, possession, transe font l'objet de nombreux travaux. Peut-être est-ce parce que le statut de la parole destinée au dieu n'est pas clair. Est-ce un vrai dialogue ou bien un échange factice, un simulacre de communication ? Sommes-nous dans une sphère de commerce symbolique qui ne relève pas de l'analyse linguistique ? Les pages qui suivent tentent de traiter ces questions à l'aide d'exemples préc is. Ceux-ci proviennent d'une région du monde, l'Asie du Sud-Est, qui offre justement un terrain très favorable à ce genre de questionnement tant par la variété et la richesse de ses cultures religieuses que par l'existence des grandes traditions, du Moyen-Orient et de l'Inde à la Chine, qui ont fait de la prière un art. Ces traditions sophistiquées se sont mélangées au substrat préexistant. L'essai de Marcel Mauss publié en 1901 (Mauss 1968 : 357-524) constitue une sorte de départ manqué et depuis on s'est peu attaché à redéfinir la prière. Mauss lui refuse toute fonction autre que celle qui s'inscrit dans le rituel, « action traditionnelle efficace ». Toute prière fait donc partie ou constitue