Il y a celui qui souffre parce qu’il a fait souffrir autrui. Il y a aussi celui dont la souffrance ne concerne que lui, sans qu’elle soit en rapport avec une faute, ni un méfait, sans qu’aucun reproche ne peut lui être adressé. Il y a cet enfant, qui seul témoigne de l’innocence, mourant dans les bras de son père, après que la mer l’eût emportée, ou parce que la terre s’est fait violente. La souffrance n’est pas toujours conditionnée. Elle tombe parfois, comme çà, quand la nature se déchaîne, ou encore lorsqu’un homme devient bourreau. Difficile dès lors de faire d’un dieu l’ordonnateur du malheur quand rien ne le justifie. Ou alors s’agit-il d’une épreuve pour la foi, un moyen d’atteindre le croyant, dans sa chair, dans son cœur, pour s’assurer que sa dévotion est désintéressée ? Le Livre de Job, inclus dans l’Ancien Testament, prend position dans ce sens. Il est dit que Satan conseilla à Dieu de dépouiller un homme, Job, de tout ce qui le rendait heureux sur Terre. En effet, celui-ci était riche, entouré de proches, d’une santé robuste, et également croyant fidèlement. Par la volonté de Dieu, il devint pauvre, seul, malade…et pourtant resta un croyant fidèle. Satan était convaincu que l’injustice condamnant à mort ceux que Job aimait, puis l’atteignant physiquement, dans son corps, lui ferait avouer une foi motivée par l’intérêt personnel. Il n’en est rien. Malgré la douleur, Job continue à se tourner vers Dieu. La dévotion inébranlable qu’il manifeste est une affirmation qui s’oppose à la destruction. Job accepte que lui soit repris sans raison tout ce qui lui avait été donné sans guère plus de raison. Au-delà de la foi, Job est l’incarnation d’une sagesse stoïcienne qui se traduit par un acquiescement concernant ce qui ne dépend pas de lui. Par contre, la seule chose lui restant, sa foi en Dieu, il la défend parce qu’elle lui appartient. Le Livre de Job enseigne ainsi que rien ne sert de maudire Dieu lorsque le mal s’abat, mais qu’au contraire c’est un