Poétique d'aristote
Cours de M. Antoine Compagnon
Quatrième leçon : Poétique des genres : Aristote
Chez Aristote, à la différence de Platon, le terme le plus large embrassant l'« art poétique », ou poiètikè, est celui de mimèsis (47 a 13), traduit traditionnellement par imitation, plus récemment par représentation, par R. Dupont-Roc et J. Lallot, ou par fiction, par Käte Hambuger, Gérard Genette et Jean-Marie Schaeffer. Dans le commentaire de la Poétique qui suit, je m'inspire de ces quelques auteurs.
Au début de la Poétique, la mimèsis comprend « l'épopée et la poésie tragique, comme aussi la comédie, l'art du dithyrambe » et, en partie, l'art de la flûte et de la cithare (47 a 16). La différence avec Platon saute aux yeux, puisque épopée, drame et dithyramble relèvent cette fois tous trois de la mimèsis, alors que pour Platon celle-ci se limitait au discours direct, que le dithyrambe (diègèsis simple) n'en relevait pas et l'épopée seulement partiellement.
Notons que la mimèsis n'est pas définie, comme s'il allait de soi que ce concept génerique rassemblait les diverses activités énumérées par Aristote.
Trois sortes de distinctions sont aussitôt introduites dans la mimèsis : les moyen de la représentation (en hois), les objets de la représentation (ha), les modes de la représentation (hôs) (47 a 16). Ces trois critères vont permettre de distinguer des espèces (eidè, kinds en anglais) de l'art poétique, c'est-à-dire de « la façon dont il faut composer les histoires si l'on veut que la poésie soit réussie » (47 a 10).
1. Le moyen de la représentation
Suivant le premier critère, le moyen, Aristote, après avoir cité les couleurs et figures du peintre, et la voix, comme moyens des autres arts, distingue dans la poièsis ou art poétique la mimèsis ou représentation « au moyen du rythme, du langage ou de la mélodie, mais chacun de ces moyens est pris soit séparément, soit combiné aux autres » (47 a 22). Ainsi