En 1999, lors d'une manifestation, l'auteur entend une étudiante demander à son auditoire s'il sait où et dans quelles conditions ont été fabriqués les tee-shirts qu'il a l'habitude de porter. Professeur de commerce international et de finance, Pietra Rivoli la prend au mot et décide de suivre le parcours d'un de ces tee-shirts depuis la production du coton jusqu'à la confection et à la commercialisation.
La première étape du périple nous conduit au USA qui domine la culture du coton depuis près de 2 siècles . Le coton du tee-shirt est récolté à Lubbock, dans l’ouest du Texas, qui reste aujourd’hui, un siècle et de demi après la guerre de Sécession, la première région cotonnière du monde.
Rivoli montre que la prédominance de la production cotonnière texane repose sur la protection que l’état américain a établie sur le secteur depuis le XIXe siècle. Face à la menace de dumping social, d’une concurrence des producteurs de coton étrangers à la main d’œuvre moins chère dans des pays tels que le pakistan ou le bangladesh , d’une concurrence acharnée entre producteurs locaux pour embaucher des ouvriers agricoles à coup de salaires enviable qui augmenteraient le prix du coton national et entraveraient sa commercialisation ainsi que son niveau de compétivité, le gouvernement américain a mis en place une legislation donnant aux cotonniers de la main d’œuvre gratuite : les esclaves jusqu’à l’abolition du système par Lincoln ; les Sharecroppers, sortes de métayers rendus captifs par un endettement ; les Company town, villes du Texas fondées sur le principe du paternalisme patronal et tournées vers la récolte du coton ; les migrants mexicains entrés sur le territoire grâce à la loi Bracero votés en 1945 et rendus captifs par des conditions de travail misérables . En outre, l’administration américaine se fesait garente des producteurs locaux. Des prix subventionnés par des aides annuelles supérieures au PIB de tous les pays cotonniers d’Afrique de l’ouest ,