Proust
Le XXe siècle se caractérise par une grande diversité de directions et d'expériences littéraires. Leur caractéristique commune consiste dans le fait qu'elles se proposent toutes de se différencier des expériences et des courants du siècle précédent. Cette diférenciation s'opère soit sur le plan du contenu, soit sur celui de la forme et même sur les deux plans à la fois. Sur le plan du contenu, le XXe siècle inaugure un nouveau type de réflexion sur la réalité d'où les valeurs traditionnelles (la vérité, le bien, le beau) sont exclues; cela parce que notre siècle débute sous le signe du refus de la pensée méthaphysique et théologique. Ce changement avait été annoncé par la célèbre phrase de Nietzsche: "Dieu est mort". Or, l'absence de la divinité, repère ultime des valeurs, déconstruit les hiérarchies y compris esthétiques de manière que tous les éléments de la réalité deviennent susceptibles à être employés en tant que matériel de construction artistique.
Quant au plan de la forme, on y refuse la structure du roman traditionel (surtout celle du roman balzacien qui se caractérise par une narration linéaire). Cette narration linéaire était la conséquence sur le plan formel de la conception déterministe conformément à laquelle les événements du monde réel formeraient des couples cause-effet.
L'oeuvre qui marquera une plaque tournante dans le devenir de la littérature de notre siècle sera le cycle romanesque de Marcel Proust, intitulé A la recherche du temps perdu, qu'il a achevé l'année même de sa mort et qui comprend les volumes suivants: Du côté de chez, Swann, A l'ombre des jeunnes filles en fleur, Le côté de Guermantes, Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière, Alhertine disparue (La Fugitive), Le Temps retrouvé.
À première vue, l'oeuvre proustienne semblerait être un texte à caractère autobiographique - le personnage narrateur s'appelle Marcel tout comme l'écrivain. Il raconte sa vie, décrit les milieux et les personnages qu'il