Présentation de ni d'eve, ni d'adam de amélie nothomb
Vous voyez ce jeune éphèbe là bas ? C’est Rinri, mon compagnon. Il est taciturne, déférent, affable, et c’est ce que j’aime chez lui. Il est aussi adepte de la fondue au fromage made in Japan, sans gout et sans odeur, dont la consistance est quelque peu douteuse. Elle colle aux mains et on ne peut s’en débarrasser qu’à l’aide d’un couteau. Un peu comme Rinri en fait. Il vient de me demander en mariage.
Je l’ai rencontré quand je suis arrivée au Japon. Je donnais alors des cours de français, et il était un véritable novice et béotien en ce qui concerne la langue de Molière. Il en a fallu de la concentration pour m’empêcher de rire à ses propos sibyllins et alambiqués!
Je me rappelle qu’une amie compatriote m’avait prêté son appartement pendant son absence, et c’est là, qu’avait débuté notre histoire, autour d’une fondue au fromage.
Ensemble nous avons beaucoup voyagé, car il connaissait mon engouement pour son pays et il savait qu’il fallait que je mette un peu d’ordre dans les souvenirs de mon enfance, déjà si loin derrière moi et pourtant si proches. Et c’est avec acuité et de façon roborative, que je me sentais renaître en gravissant le mont Fuji tellement représentatif de l’apogée de cette société si sagace. Il me parlait de sa culture, je lui racontais mon histoire. Il m’emmenait à des expositions, et moi, au cinéma voir Les Liaisons dangereuses. Puis il me présenta à sa famille.
Ses grands parents étaient facétieux et vindicatifs, et sa mère me faisait comprendre de façon opiniâtre, que je n’étais pas à ma place. Tout ceci étant la marque bien définie d’un ostracisme évident : ils ne voulaient pas de moi dans leur famille. Son père lui me couvrait de cadeaux. Bel exemple de la vision manichéenne qu’ont les japonais, à l’égard des étrangers.
Il m’aime, et moi je ne serais définir ce que je ressens pour lui. Peut être juste un profond respect et le fait de ressentir un immense bien être quand je suis auprès de