Présentation du neaveu de rameau de diderot
Ecrit en 1761, remanié au moins jusqu’en 1777, Le Neveu de Rameau ne fut publié qu’à titre posthume. Diderot y met en scène, sous une forme à la fois narrative et dialoguée (= « satire »), un personnage historique, le neveu du compositeur Jean-Philippe Rameau. Le héros éponyme incarne une sorte de bohème du Siècle des Lumières, parasite cynique qui vit des distractions qu’il procure par son esprit à des parvenus. Volontiers provocateur, le neveu aime à prendre le contre-pied des idées admises, dénonce l’hypocrisie et la bonne conscience d’une société dominée par l’argent. Il prône une morale de l’intérêt égoïste. A travers ce personnage extrême, Diderot mène une réflexion critique sur la nature humaine. Œuvre de sociologue, de psychologue et de moraliste, Le Neveu de Rameau tient à la fois de l’essai, du roman et du théâtre. brouillage des genres littéraires, illustrant la diversité du genre romanesque au XVIII° siècle.
Le choix du dialogue souvent contradictoire entre « Lui » et « Moi », à l’intérieur d’un récit de réflexions à la 1° personne, est à l’image sans doute des contradictions d’un auteur qui cherche à concilier les aspects opposés de sa propre personnalité. L’intérêt du Neveu de Rameau repose d’abord sur l’impression d’improvisation vive et brillante. Cette conversation désinvolte abonde en paradoxes, traits ironiques, tout en se présentant aussi comme une réflexion approfondie sur des sujets qui passionnent Diderot, comme le rôle social et moral de l’homme, l’éducation, les valeurs sur lesquelles il est possible de fonder l’existence. L’attrait de l’œuvre est également lié à l’étonnante personnalité du neveu, représentant un artiste raté et corrompu, mais non sans talent ni qualité : mi-virtuose, mi-visionnaire, il jette un regard lucide sur lui-même et sur la société qu’il met en scène dans ses pantomimes, dévoilant le milieu médiocre, immoral et décadent dans lequel il évolue.