L’acte de créer une œuvre littéraire entraîne une conception de cette œuvre et du résultat que l’on veut obtenir. Si chaque œuvre a sa spécificité, on peut néanmoins voir des aspects communs à certains genres. C’est ainsi que l’on peut se demander ce qu’est la spécificité de la poésie, et de manière plus précise, on peut se demander ce qu’est un poème. Se demander ce qu’est un poème, c’est-à-dire ce qu’est sa nature, n’est pas se demander ce qu’est la poésie. Le poème est le langage poétique concrétisé et achevé dans une forme et dans un cadre défini comme œuvre et travail d’un poète. Cette question pose le problème de la création et de ce que l’on entend par poème, aussi bien dans sa forme que dans son contenu. Ainsi, quelle est la nature du poème et quels sont les formes et traits qui font d’un poème un poème ? On voit bien ici que l’on met en jeu les normes poétiques et littéraires et l’acte particulier, la parole particulière engagés dans le poème. C’est non seulement la nature du poème qu’il faut alors déterminer, mais ses caractéristiques formelles classiques et enfin ses enjeux. En effet, se demander ce qu’est un poème entraîne la question de la spécificité du message et de la portée du poème. Mais il faut voir également l’évolution historique du concept même de poème, évolution qui met en évidence la nécessité de mieux saisir l’essence du poème comme langage poétique, au sens large, dans une forme close et travaillée.
On peut, dans un premier temps, voir comment le poème semble se caractériser tout d’abord dans un aspect formel et structurel : le poème semble bien être une forme, un ouvrage dont les règles sont fixées selon le genre qu’il se donne. Le poème se pose comme travail sur les normes poétiques.
Tout d’abord, l’origine même du mot peut être éclairante. En effet, le poièma, en grec, est issu de cet acte de faire, poiein, qui engage ainsi un acte particulier, un acte de fabrication. Ainsi, le poème apparaît ici comme un résultat, une forme