Dissertation sur la poésie La poésie est l’art d’exprimer par le travail du langage les émotions, les sentiments, les rêves et les visions du monde. Peut-on dire cependant, comme Théodore de Banville, que la poésie se rapproche de la Musique, de la Peinture, de la Statuaire et de l’Eloquence ? N’est-elle que la reproduction du monde des sensations et des émotions ?
Nous verrons, dans une première partie, que la poésie se rapproche de tous les arts ; puis, dans une deuxième partie, qu’elle n’est pas que cela, c’est-à-dire qu’elle peut également contester le monde ou véhiculer des idées.
La poésie se rapproche de tous les arts.
Tout d’abord, elle s’adresse aux sens et elle peut, par exemple, rendre compte des formes et des couleurs comme le montre le poème de Jacques Darras sur la mûre. Dès les premiers vers, la forme et la couleur de la mûre sont mises en valeur : « parce que sa maturité est noire et que/ ronde elle tient en équilibre instable ». En outre, cette cueillette est difficile, ce qui est donné à voir par les nombreux enjambements qui violent parfois sévèrement la logique grammaticale. Il y a donc un rapport entre cette difficulté, les mots qui la disent et la disposition des vers. Le diseur aussi est en équilibre instable et c’est à cause de cette difficulté que la mûre n’est cueillie qu’au milieu du poème, ce que signale par ailleurs le blanc typographique : « se tend en un effort inouï de/ tendresse, la mûre ». Ainsi, le poème de Darras tente de reproduire la réalité notamment grâce aux enjambements qui miment la difficulté d’une cueillette. En ce sens, la poésie suscite l’œil et l’imaginaire.
La poésie est en outre musique par ses rythmes, ses sonorités et ses répétitions. Dans le poème de Longchamp, c’est le rythme haché des vers et la présence du refrain « courbé seul » qui expriment le sentiment de la solitude et de la mélancolie. De même, la répétition de certains mots ( « toujours », « attendre », « longtemps », « même » ) engendre l’idée