Quand l'entreprise parie sur l'homme
Article de la rubrique « La démocratie aux portes de l’entreprise »
Mensuel N° 187 - novembre 2007
D’où vient la morale ?
Quand l'entreprise parie sur l'homme
Marc Uhalde
Le changement en entreprise est d’autant mieux accepté que le personnel y est associé : c’est la leçon que l’on peut retirer des expériences de « démocraties salariale » menée dans certaines entreprises.
Moderniser les entreprises et les administrations a un temps été synonyme d’un dépassement des organisations pyramidales de l’ère industrielle. On allait enfin tourner le dos aux fonctionnements stratifiés, clivés, sourds aux attentes des salariés. Depuis les années 1990, pourtant, le mot « modernisation » est souvent associé avec changement à marche forcée, impulsé par des gestionnaires peu attentifs aux identités professionnelles et aux tissus sociaux des organisations. Il n’y a qu’à lire, à ce sujet, les nombreuses chroniques de la modernisation publiées ces derniers temps (1). Le monde des organisations est cependant plus diversifié qu’il y paraît. Plusieurs études montrent que certaines entreprises parviennent à associer les réorganisations gestionnaires avec le développement des compétences des salariés et la participation effective de ces derniers au changement. Paul Bélanger et Benoît Lévesque (2) avaient employé le terme de « démocratie salariale » pour décrire ces expériences, qu’ils repéraient dans une trentaine d’entreprises canadiennes. Quelques années auparavant, Michel Crozier (3) avait identifié des traits voisins parmi des entreprises françaises adoptant un management « postindustriel », un résultat corroboré dans l’étude menée par Isabelle Francfort, Florence Osty, Renaud Sainsaulieu et Marc Uhalde (4) auprès d’une centaine d’organisations françaises.
Une logique globale de gestion
Ces dynamiques de modernisation ne tiennent pas uniquement à l’adoption de telle ou telle technique de management participatif, consistant à faire appel aux bonnes