Quatrieme et cinquieme conférence cinq leçons sur la psycanalise
Démontrer le caractère novateur de l'analyse de Freud exige en réalité deux choses: qu'on expose le contenu même, clinique et psychologique du concept de sexualité infantile (I.), mais aussi, et surtout, qu'on démontre le lien essentiel, fondateur, entre, d'une part, ce qu'il appelle inconscient, qui en devient absolument irréductible aux définitions concurrentes à l'époque (fondées, comme celle de Janet, sur l'hypnose), et la sexualité d'autre part (II.).
Or, le moins qu'on puisse dire, est que Freud ne facilite pas la tâche. La sexualité est traitée au début de cette conférence comme un contenu de l'inconscient découvert empiriquement ("l'expérience montre", 88, 47), et sur un mode objectivement vérifiable par des moyens extra-psychanalytique (des statistiques, 92-93, 49-50). La stratégie de Freud se comprend: il veut convaincre de la respectabilité scientifique de la psychanalyse un public féru de méthode expérimentale, et qui n'a pu imposer celle-ci qu'assez récemment en psychologie. Mais le véritable argument qu'il jette dans la balance n'est pas de ce registre. Parlant de ses premiers disciples, Freud conclut qu'"ils vous diront tous qu'ils ont d'abord opposé une incrédulité totale à l'affirmation de l'importance déterminante de l'étiologie sexuelle, jusqu'au moment où leurs propres efforts analytiques les ont contraints de souscrire à cette affirmation" (88-89, 48). On ne saurait être plus net: seuls ceux qui sont déjà assez convaincus par la psychanalyse pour la pratiquer pourront trouver, dans leur pratique même, des raisons objectives d'y ajouter foi. Or, l'argument est circulaire: la théorie justifie la pratique qui justifie la théorie. Malheureusement, on retombe alors sur l'impasse de la conférence précédente. L'unique motif objectif de se risquer à la pratique qui confirmera ultimement la théorie, c'est le succès thérapeutique de la cure. Or, on l'a vu, Freud n'est arrivé au traitement psychanalytique qu'à la suite des échecs