Quel est le rôle de la nourriture dans fin de partie?
La nourriture est un sujet récurent dans Fin de partie. Comme les allers et venues de Clov avec l'escabeau, les évocations de la nourriture et les déplacements de Clov dans la cuisine rythment la pièce. C'est donc un moyen pour les protagonistes d'engager la conversation, de communiquer, même si cela n'a pas de sens. Pourtant, parmi les quatre ou cinq passages où l'on y fait clairement allusion, la seule nourriture qui parvient sur scène est le biscuit que Clov donne à Nagg (p.22). On en déduit que les personnages sont réellement limités, que la nourriture peut venir à manquer, ce qui marquerait la fin tant attendue. Nagg parle ainsi du «rahat-loukoum , par exemple, qui n'existe plus, nous le savons bien» (p.74), ce qui entre en résonance avec le monde sans vie où les personnages évoluent.
Par ailleurs, la nourriture occupe une place particulière pour chacun des personnages.
Pour Nagg, la nourriture est une récompense. Elle le ramène au rang d'enfant dépendant, dont le seul soucis est d'assouvir des besoins primaires. « Tu me donneras ma dragée? Juré? Ma dragée! ». On remarque d'ailleurs que tous les aliments de la pièce ont une connotation liée à l'enfance: la bouillie, le biscuit, la dragée, les friandises. Hamm dit à ce sujet: « Ah il n'y a plus de vieux! Bouffer, bouffer, ils ne pensent qu'à ça!»; il transforme le lieu commun « il n'y a plus de jeunesse » en une réplique absurde visant à abaisser Nagg en le comparant à un enfant.
Malgré son infirmité (aveugle, incapable de se déplacer), Hamm reste donc le maître de la maison. Cela tient notamment du fait qu'il est le seul à connaître la combinaison du buffet, un meuble qui n'est pas présent sur scène mais qui joue un rôle essentiel dans les relations entre les personnages. Le buffet est en effet à l'origine de la relation d'interdépendance entre Hamm et Clov: ils ne peuvent survivre l'un sans l'autre, Hamm a besoin