Quel management pour les ong ?
L’étonnante croissance des ONG humanitaires françaises au regard de leur situation de gestion : Un exemple d’entrepreneuriat institutionnel ?
Erwan QUEINNEC Maître de conférences en sciences de gestion Université Paris 13, Chercheur au CREGEM. Adresse personnelle : 31 Avenue de Genestet, 30.320 MARGUERITTES Téléphone : 04.66.01.81.73 ou 06.67.53.20.85 erwan.queinnec@freesbee.fr L’étonnante croissance des ONG humanitaires françaises au regard de leur situation de gestion : Un exemple d’entrepreneuriat institutionnel ? Résumé
Durant les trente dernières années, les ONG « humanitaires » françaises (nées dans le sillage de Médecins Sans Frontières, 1971) ont connu une croissance de leurs ressources financières aussi importante que surprenante au regard de leur situation de gestion initiale. Ces associations sont en effet des organisations (largement) privées dont la vocation peut être qualifiée de publique (service gratuit d’aide « d’urgence » apporté à des populations en détresse), ce dont résulte une déconnexion entre ressources obtenues et utilité produite, entre « évaluation de l’organisation » et « évaluation des opérations ». Si les organisations humanitaires sont parvenues à se rendre désirables au point de compter parmi les associations françaises les plus importantes, c’est qu’elles ont su parer leur action d’une attractivité symbolique considérable, relevant pour partie d’un ancrage traditionnel dans le registre de la charité et pour l’autre d’un véritable travail d’innovation conceptuelle, légitimant l’indétermination de leur projet. Les ONG ont en quelque sorte « enacté » un environnement bienveillant à leur endroit, à la faveur d’un contexte socio-géopolitique porteur et sur la base d’un management proactif (dont la décision de solliciter les donateurs par publipostage – le marketing direct - est emblématique). De proche en proche, elles ont mis à profit