Molière : Ecole des Femmes (1)

Dans les huit premières pièces de Molière, les rôles de jeune fille conquièrent progressivement une place prépondérante vis‑ à‑ vis de l'action.

- Simple nécessité dans « l'Etourdi » , la ,jeune fille devient un personnage central par la suite ,

- comique dans « les Précieuses Ridicules »

- pathétique dans « l'Ecole des Femmes ».

Cela n'est pas le fruit d'un hasard, ni d'un simple caprice d'auteur : il y a véritablement une naissance et

un épanouissement de la jeune fille dans ces premières pièces, et ce rôle prend une signification importante à L'époque de « l'Ecole des femmes ».
I. LES ROLES DE JEUNE FILLE JUSQU' À « L'ÉCOLE DES FEMMES »

A) Les jeunes filles du théâtre.

Nous appellerons ainsi Cécile et Hypolite de « L'Etourdi », Lucile et Ascagne du « Dépit Amoureux » parce que ce sont des rôles, au sens propre du mot, et non des personnes.

1 -II est impossible de tracer un véritable portrait psychologique et moral de Cécile et d’Hvpolite. Tout ce que nous savons d'elle, c'est. qu'elles ont un certain sens de la raillerie (cf. I‑4, V‑6, V‑8).

Mais quelle est leur vie, sont‑ elles heureuses ou non, amoureuses ou non ? Impossible de répondre.

Elles ne sont: que des prétextes, autour de quoi tout se déroule : ce sont les jeunes gens qui sont à marier, et non les jeunes filles. La plupart du temps elles sont absentes, et quand elles sont sur la scène, ou bien elles se taisent, ou bien, si elles parlent, c'est seulement pour déclencher l'action (Célie, encourageant Lélie à faire sa conquête) ou pour débarrasser la scène d'un personnage (II‑8) ou pour occuper la scène pendant que l'action se déroule dans les coulisses ( V‑8).

Ce ne sont donc pas des personnes humaines, mais seulement des nécessités de théâtre.

2 - Pour Lucile et Ascagne :le titre ‑ même de la pièce laisse entendre que des sentiments sont en cause. Mais une, analyse sérieuse montre ,que s'il y a un léger enrichissement (ou