Quelle place tient le végétal dans les dessins de Man Ray et les poèmes d’Eluard ?

Le thème de la nature est présent dans tout l’ouvrage Les Mains Libres , aussi bien dans les dessins de Man Ray où elle est sert de cadre réaliste à l’intrusion du fantastique, que dans les textes d’Eluard, où elle est à l’origine de ses pensées et de ses sentiments. Tout d’abord, nous allons étudier la place que tient le végétal dans les dessins de Man Ray puis dans les poèmes d’Eluard et enfin le lien qui unit le dessin et le poème.

En premier lieu, Man Ray présente peu d’intérêt pour la végétation. La nature est avant tout représentée par des paysages. Par l’esquisse d’une série de traits, il représente des arrière-fonds boisés, des prairies. La nature est présente dès la première page du livre avec un fleuve, un pont, une femme allongée, et la végétation de la rive en arrière-plan. Le fond peut aussi se limiter à une friche urbaine où l’herbe et les arbres sont rares : « Rêve ».
Plus rarement, et dans cinq dessins seulement, le végétal est le thème majeur de l’artiste. Le fantastique est exprimé par des éléments naturels. C’est ce qui arrive pour la plante en pot dans « L’angoisse et l’inquiétude » ; de la rose de la taille d’un arbre dans « L’arbre-rose », de la plante à longue tige dont les oiseaux remplacent les feuilles dans « Plante-aux-oiseaux » ; d’un pot de fleurs avec palmier et d’un conifère dans « L’espion » ; enfin une curieuse plante en forme d’artifice qui pousse sur une berge « Feu d’artifice ».
Man Ray libère son imaginaire, son esprit détourne librement des décors naturels, c’est ainsi que les oiseaux remplacent les feuilles des branches sur lesquelles ils sont posés : « Plante-aux-oiseaux ». L’artiste utilise des procédés étranges, tel que l’association de deux éléments humain et végétal, ainsi la plante en pot et deux mains coupées croisées dans « L’angoisse et inquiétude » ou la représentation de la végétation dans des dimensions hors normes,