Racine - Bérénice
BÉRÉNICE
TRAGÉDIE
RACINE, Jean
1671
Publié par Ernest et Paul Fièvre, Août 2013
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Edition Théâtre Classique.fr, 2008-2013.
BÉRÉNICE
TRAGÉDIE
par M. RACINE
À PARIS Chez Claude Barbin, au Palais, sur le second perron de la Sainte-Chapelle.
M. DC. LXXI. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
Représenté pour la première fois le 21 novembre 1670 à l'Hôtel de Bourgogne.
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Edition Théâtre Classique.fr, 2008-2013.
À Monseigneur Colbert. Secrétaire d'Etat,
Contrôleur général des finances, Surintendant des bâtiments, grand Trésorier des Ordres du roi, Marquis de Seignelay, etc.
MONSEIGNEUR,
Quelque juste défiance que j'aie de moi-même et de mes ouvrages, j'ose espérer que vous ne condamnerez pas la liberté que je prends de vous dédier cette tragédie. Vous ne l'avez pas jugée tout à fait indigne de votre approbation. Mais ce qui fait son plus grand mérite auprès de vous, c'est, MONSEIGNEUR, que vous avez été témoin du bonheur qu'elle a eu de ne pas déplaire à Sa Majesté.
L'on sait que les moindres choses vous deviennent considérables, pour peu qu'elles puissent servir ou à sa gloire ou à son plaisir. Et c'est ce qui fait qu'au milieu de tant d'importantes occupations, où le zèle de votre prince et le bien public vous tiennent continuellement attaché, vous ne dédaignez pas quelquefois de descendre jusqu'à nous, pour nous demander compte de notre loisir.
J'aurais ici une belle occasion de m'étendre sur vos louanges, si vous me permettiez de vous louer. Et que ne dirais-je point de tant de rares qualités qui vous ont attiré l'admiration de toute la France, de cette pénétration à laquelle rien n'échappe, de cet esprit vaste qui embrasse, qui exécute tout à la fois tant de grandes choses, de cette âme que rien n'étonne, que rien ne fatigue ?
Mais, MONSEIGNEUR, il faut être plus retenu à vous parler de vous-même et je craindrais de m'exposer, par un éloge importun, à vous faire repentir de