Recherche et externalités
Laurent BACH* et Stéphane LHUILLERY**
RESUME
La problématique des externalités de la recherche occupe une place prépondérante dans l’analyse économique de l’innovation. D’abord solidement ancré dans l’analyse traditionnelle des conditions de fonctionnement des marchés (les “défaillances” de marché), le concept d’externalité a peu à peu été enrichi par l’apport conjoint d’un renouvellement théorique et d’un nombre croissant de travaux empiriques sur les activités liées à la recherche. Le renouveau de l’analyse des externalités, passant notamment par l’étude des conditions de leur génération et des mécanismes de leur “internalisation”, a ainsi permis un rapprochement avec quelques problématiques des sciences de gestion, de la sociologie des sciences et de la sociologie des organisations. Après avoir retracé les principaux jalons de l’évolution du concept d’externalité de la recherche, cet article expose un certain nombre de relectures originales de ce concept, et esquisse quelques thématiques pour une approche pluridisciplinaire des phénomènes qu’il recouvre.
INTRODUCTION
Une réflexion pluri-disciplinaire sur les externalités de la recherche doit nécessairement partir d'un constat de base : le concept d’externalité est purement un “concept d’économiste”, et n’a a priori de sens que dans le cadre de cette discipline, en référence à ses objets d’analyse propres et sur la base des instruments dont elle s’est dotée. C’est donc en amont du problème de la mesure et de l'examen comparatif des approches statistiques et monographiques que doit se situer l’essentiel de ce travail de reflexion. Dans cette perspective, des confrontations sont indispensables entre la littérature économique sur le domaine et des contributions originales, émanant des spécialistes des disciplines de la gestion et de la sociologie (en particulier la sociologie des organisations et la sociologie des sciences et