Vive La France

Oui, France, on t'a vaincue, on t'as réduite même,
Et comme il n'a pas eu pour preuve le succès,
A ton courage encore on jette l'anathème
E les Francais s'en vont rabaissant les Français.

Que la faute fut grande et cette guerre folle,
Qui le nie? Ils sont là nos désastre d'hier.
Mais qu'an bruit des canons tout un passé s'envole!
Que tout un avenir soit brisé sous ce fer!

Que la France n'ait plus, chez les peuple du monde,
Ni voix dans leurs arrêts ni place à leur grandeurs!...
C'est une calomnie infâme et si profonde,
Qu'un vaincu qui la dit étonne ses vainqueurs.

Non, France, ne crois pas ceux qui te dise lâche,
Ceux qui voudraient nier ton âme et ses efforts:
Sans gloire et sans bonheur, tes fils ont fait leur tâche,
Mais ils l'ont faite, et Dieu ne compte plus tes morts.

j'ai vu de pauvres gens tomber sans une plainte;
D'autres - je les ai vus - ont combattu joyeux,
Et, pieux chevaliers de cette guerre sainte,
Sont morts, l'amour dans l'âme et le ciel dans les yeux.

Ils ont lutté, n'étant ni l'espoir ni le nombre.
Et sans cesse détruits, et renaissant toujours,
C'est un éclair divin de cette époque sombre,
Que ces martyrs voulant leurs supplices moins courts.

Je les ai vus, marchant les pieds nus sur la neige,
Succomber de fatigue et non de désespoir;
La misère et la faim leur servaient de cortège,
Mais ils marchaient, ayant pour guide le devoir.

J'en ai vu qui, captifs, s'échappaient d'Allemagne,
Revenaient aux dangers à travers les dangers,
Et, sans revoir leurs toits, reprenant la campagne,
Retombaient par deux fois aux mains des étrangers.

Ce n'était pas toujours des soldats, notre arméee!
Mais j'ai vu des blessés venir, saignant encor,
Reprendre dans les rangs leur place accoutumée,
Et, luttant tout meurtris, se guérir dans la mort.

J'ai vu des régiments, aux jours de défaillance,
Se porter en avant et se dévouer seuls,
Pour qu'on pût dire au moins, en parlant de la France,
Que ses