Redaction de français
Charles Dubois
3 Chemin des Pensées
63 201 Margueritte
Madeleine Dubois
25 Allée des Songes
07150 La Plaine
Chère Madeleine,
J’ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd’hui témoigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd’hui, cela ressemble au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée, le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes et des barbelés, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos vêtements sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s’écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes. L’odeur est nauséabonde.
Tout manque : l’eau, l’hygiène mais surtout de quoi manger. Nous sommes mal ravitaillés. Nos gamelles sont bien vides. Nous n’avons qu’un seul repas, le soir, et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir.
Nous avons participé à beaucoup d’offensives qui ont toutes échouées sur des montagnes de cadavres. Ces combats nous ont laissé exténué et désespéré. Le 16 avril, le général a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre.