Reel et réalité
Christian W. Denker, images de Marguerite Priol
L'image, bref détour par les racines étymologiques
L'équivalent grec d'image, le mot eikon, signifie être pareil, être juste, égaler mais aussi être semblable, ressembler -- où constater que l'eikon, somme toute, n'est pas tout à fait identique à ce qu'il égale. Un synonyme de eikon, eidolon, signifie image, représentation, ou encore figure, voire une chose apparente sinon trompeuse. Le mot latin imago complète cet ensemble étymologique. Signifiant la représentation, l'illusion, le fantasme, imago s'oppose explicitement à la substancia, c'est-à-dire à la réalité, l'existence " réelle "... De là notre première remarque : une image se rapporte à quelque chose qui existe réellement.
Ce qui complique la discussion, ceci posé, c'est l'existence de plusieurs types d'images. Platon, ainsi, va distinguer image reflétée dans un miroir, ombre, image linguistique, image de l'imagination, image-portrait et, last but not least, image artificielle. En quête de la réalité idéale, le philosophe regarde de haut les images, particulièrement celles que réalisent les artistes. But de l'artiste : chercher à reproduire les objets du monde visible. Or, selon Platon, ces objets sont tout au plus des reproductions médiocres du monde idéal. La tentative de les reproduire une fois encore, par voie de conséquence, est a priori condamnée à l'échec. L'incompréhension des artistes pour les sujets de leurs reproductions dévalue donc l'image artificielle, objet de tromperie que n'importe quel homme sensé peut aisément percer à jour. Ce en quoi la tromperie artistique serait en principe inoffensive. Quoique... Un artiste rusé sachant mettre une certaine distance entre le public et son œuvre pourra au moins tromper les enfants, ou bien les gens déraisonnables... Si l'étude de la réalité est un moyen d'approcher la vérité, l'étude des images, en revanche, s'avère sans intérêt