Resilience
Margot Phaneuf, inf., Ph. D.
Lorsqu’une personne fait l‘expérience d’une grande difficulté existentielle, un abandon, une violence, une tragédie, elle en reste souvent marquée pour longtemps, sinon pour la vie. Une telle situation est particulièrement néfaste dans le jeune âge. Pourtant, certains individus s’en tirent mieux que d’autres. On dit alors qu’ils sont résilients, c’est-à-dire que même s’ils ont été blessés par un traumatisme ou maltraités par la vie, ils ne se laissent pas empoisonner par cet événement. Ils arrivent à vivre « avec » et même à devenir plus trempés, plus endurants. Comme le disait déjà en son temps le philosophe Nietzsche « À l’école de guerre de la vie, ce qui ne me tue pas, me rend plus fort » 1 . Le concept de résilience est important à connaître en soins infirmiers, car il est fréquent que des enfants carencés ou maltraités se retrouvent dans les services pédiatriques, confiés aux soins d’infirmières. De plus, des personnes violées, blessées lors d’agressions, d’accidents graves ou de cataclysmes naturels ou encore survivant à des maladies habituellement mortelles, requièrent-elles aussi des soins infirmiers. Pour intervenir adéquatement, il est donc important que la soignante connaisse ce concept et ses applications. C’est ce que nous verrons dans cette première partie. Mais l’infirmière doit aussi comprendre quels sont les facteurs qui permettent au sujet de retrouver son équilibre et de se reconstruire et comment son intervention peut l’aider à le faire. C’est ce qui figure dans la deuxième partie de ce texte, sous le titre « La résilience et le travail infirmier » (Margot Phaneuf) 2 .
Origine du concept de résilience
Le terme résilience a connu ces dernières années une vogue étonnante. Mis un peu à toutes les sauces, il sert à décrire tout ce qui résiste au temps et à la détérioration, allant des entreprises soumises aux fluctuations boursières, aux dévastations de la nature