Resume sur le thème de la mort
Un caractère significatif des sociétés les plus industrialisées est que la mort y a pris la place d’un interdit majeur. C’est un phénomène récent et très récemment découvert.
Jusqu’au début du vingtième siècle, la place reconnue à la mort, l’attitude devant la mort, étaient à peu près les mêmes dans toutes l’étendue de la civilisation occidentale. Cette unité a été rompue après la Première Guerre mondiale. Les attitudes traditionnelles ont été abandonnées par les Etats-Unis et par l’Europe industrielle du Nord-Ouest ; elles ont été remplacées par un modèle nouveau d’où la mort avait été comme évacuée. La société a produit des moyens efficaces de se protéger des tragédies quotidiennes de la mort, afin d’être libre de poursuivre ses tâches sans émotions ni obstacles. Elle prolonge le plus longtemps possible les malades, mais elle ne les aide pas à mourir. A partir du moment où elle ne peut plus les maintenir, elle y renonce ; ils ne sont plus que les témoins honteux de sa défaite. On essaie d’abord de ne pas les traiter comme des mourants authentiques et reconnus, et ensuite on se dépêche de les oublier ou de faire semblant.
Certes, il n’a jamais été facile de mourir, mais les sociétés traditionnelles avaient l’habitude d’entourer le mourant et de recevoir ses communications jusqu’à son dernier souffle. Aujourd’hui, dans les hôpitaux et les cliniques en particulier, on ne communique plus avec le mourant. Il n’est plus écouté comme un être de raison., il est seulement observé comme un sujet clinique, isolé quand on peut comme un mauvais exemple, et traité comme un enfant irresponsable dont la parole ni sens ni autorité. Sans doute bénéficie-t-il d’une assistance technique plus efficace que la compagnie fatigante des parents et des voisins. Mais il est devenu quoique bien soigné et longtemps conservé, une chose solitaire et humiliée.
Les mourants n’ont plus de statut et par conséquent, plus de dignité. Ils sont des