Désormais, l’homme s’avise que, dans son propre intérêt bien entendu, il lui faut surveiller, contrôler sa conduite envers la nature, et souvent protéger celle-ci contre lui-même. Ce souci, ce devoir de sauvegarder la nature, on en parle beaucoup à l’heure présente et ce ne sont plus seulement les naturalistes qui en rappellent la nécessité : il s’impose à l’intention des hygiénistes, des médecins, des sociologues, des économistes, des spécialistes de la prospective, plus généralement de tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de la condition humaine... Multiples sont, il est vrai, les motifs que nous avons de protéger la nature. Et d’abord, en défendant la nature, l’homme défend l’homme : il satisfait à l’instinct de conservation de l’espèce. Les innombrables agressions dont il se rend coupable envers le milieu naturel (envers l’« environnement », comme on prend coutume de le dire) ne sont pas sans avoir des conséquences funestes pour sa santé et pour l’intégrité de son patrimoine héréditaire. Rappellerons-nous que, du fait de la pollution radioactive causée par les explosions de bombes nucléaires, tous les habitants de la planète, surtout les plus jeunes, portent dans leur squelette des atomes de métal radioactif ? Que, du fait de l’emploi abusif des insecticides, le lait de toutes les mères contient une certaine dose du pernicieux D.D.T. ? Protéger la nature, c’est donc, en premier lieu, accomplir une tâche d’hygiène planétaire. Il y a, en outre, le point de vue des biologistes qui, soucieux de la nature pour elle-même, n’admettent pas que tant d’espèces vivantes (irremplaçables objets d’étude) s’effacent de la faune et de la flore terrestre, et qu’ainsi s’appauvrisse, par la faute de l’homme, le somptueux et fascinant musée que la planète offrait à la curiosité. Enfin, il y a ceux-là -et ce sont les artistes, les poètes, et donc un peu tout le monde- qui, en simples amoureux de la nature, entendent la conserver parce qu’il y voient un décor vivant