Revue de presse sur l'anorexie
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LE FIGARO. - Faut-il réglementer le poids des mannequins ?
Philippe JEAMMET. - Il y a une dizaine d'années, j'aurais trouvé cela excessif. Ce n'est pas la mode qui crée l'anorexie. La mode contribue à faciliter cette forme d'expression chez des sujets vulnérables, à la justifier et à contribuer à son autoentretien, puisqu'elle est socialement valorisée. Si l'on ne choisit pas d'être anorexique, certains facteurs de l'environnement social en facilitent l'expression. Les mannequins représentent une image en miroir. C'est bien que l'on tape du poing sur la table et que l'on cesse de valoriser les mannequins qui ont une maigreur excessive. Cela permet de poser une limite au plan social. C'est une manière de dire qu'il est anormal et malsain d'être maigre. Mais l'anorexie n'est pas créée par la mode. Elle a d'ailleurs été identifiée dès 1874 par des médecins français et anglais (Lassègue et Gull), alors que les canons de la beauté étaient plutôt les femmes enveloppées. L'anorexie n'est pas un choix, c'est la peur de ne plus pouvoir s'arrêter de manger.
Y a-t-il de plus en plus d'anorexiques aujourd'hui ?
Les grandes anorexies qui concernent environ 0,5 % des adolescentes restent stables. Ce qui a augmenté au cours des vingt dernières années, ce sont les formes associées à la boulimie, dans lesquelles les facteurs de vulnérabilité biologico-génétiques sont plus faibles. De plus en plus de jeunes filles sont concernées - environ 5 à 6 %. En réalité, elles supportent mal l'anorexie et basculent vers la boulimie, avec prises alimentaires excessives suivies de vomissements. Elles souffrent aussi souvent de troubles obsessionnels compulsifs et de syndromes dépressifs. Il est très difficile de prédire au départ, face à un début d'anorexie, celles qui vont s'enfermer dans des comportements anorexiques graves. Il faut être très vigilant d'emblée.
Pourquoi y en a-t-il de plus en plus ?
Du fait