Rhinocéros Ionesco Bérenger
La réaction de Bérenger au départ de Daisy est en décalage avec la gravité de la situation: considération touchante mais ridicule (« Tu n'as même pas déjeuner! » l 7-8), égoïsme (« Daisy, ne me laisse pas tout seul! » l 8), des constats banals (« Evidemment. On ne s'entendait plus. Un ménage désuni. Ce n'était plus viable. » l 11-12), le souci des convenances (« Mais elle n'aurait pas dû me quitter sans s'expliquer. Il regarde partout. Elle ne m'a pas laisser un mot. Ca ne se fait pas. » l 12 à 15), la culpabilité et l'apitoiement (« C'est ma faute … de monstres! » l 23 à 27). De plus, Bérenger songe à intervenir pour raisonner les rhinocéros et les inciter à redevenir des êtres humains (« Il n'y a pas d'autre solutions que de les convaincre » l 33-34), mais aussitôt il énumère les difficultés: il ignore si une métamorphose en sens inverse est possible (questions répétitives « Et les mutations sont-elles réversibles? Hein, sont-elle réversibles? » l 34 à 36); il ne se sent pas à la hauteur de la tâche (hyperbole « un travail d'Hercule » l 36); Il ne sait comment établir le contact avec eux (« D'abord, pour les convaincre, il faut leur parler. Pour leur parler, il faut que j'apprenne leur langue. Ou qu'ils apprennent la mienne ? » l 37 à 40). Pire encore, il est la proie du doute: il n'est pas sûr de l'intérêt d'être un homme (« les convaincre de quoi ? » l 34) ne de la supériorité de l'homme sur le rhinocéros (« Et si, comme me l'avait dit Daisy, si c'est eux qui ont raison ? » l 47-48); il n'est plus sûr du sens de son langage ( accumulation de questions angoissées de la line 40 à 46); il ne perçoit plus l'identité humaine comme une évidence: « Il se regarde en passant la main sur sa figure. Quelle drôle de chose! A quoi je ressemble alors ? A quoi ? » (l 50 à 52) Il reconnais de moins en moins sa propre image, il a besoin d'observer des tableaux pour avoir la confirmation qu'il s'agit bien de lui (l 56 à 60). La répétition de « c'est moi