"Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison"
Il est vrai que l'être enfermé dans ses certitudes est souvent inapte à la communication. Un homme politique, par exemple, a tout intérêt à savoir écouter les objections qu'on peut opposer à son programme, quelque conviction qu'il manifeste. Il ne sera même véritablement convaincant qu'à ce prix, non seulement parce qu'il paraîtra plus tolérant, mais aussi parce qu'il pourra profiter au passage de ce que ces critiques lui apporteront pour fortifier sa pensée. D'aucuns pourraient aussi prétendre non sans raison que la certitude de détenir "la" vérité pousse à une vision manichéenne du monde. Songeons ainsi à tous ces dogmes intolérants qui ont voulu imposer une vision simpliste du Bien et du Mal : tous les petits livres rouges, tous les manifestes et les bibles ont désigné des cibles grossièrement représentées, les exposant à la vindicte publique. On pense, par exemple, au stéréotype du Juif représenté par les nazis au mépris des connaissances ethniques ou scientifiques qui ne pouvaient que les infirmer. Parfois la certitude d'avoir raison risque aussi d'être un entêtement dans l'erreur. "L'erreur est humaine, persévérer est diabolique", affirme le dicton, et une personne trop sûre d'elle-même peut en effet s'enfermer dans des représentations qui lui feront perdre tout contact avec une réalité plus souvent en demi-teintes et en nuances. On ne manquera pas enfin d'objecter à la certitude le risque non négligeable