Rimbaud, A la musique

Introduction:
Rimbaud a passé son enfance à Charleville, régenté par une mère “aussi inflexible que soixante-treize administrations à casquettes de plomb”; son père, officier de carrière n’apparaissait que pour quelques rapides permissions. Rimbaud est vite saisi par une répulsion face à sa ville natale qu’il appelle “Charlestown” pour en montrer la prétention, et qu’il dit “supérieurement idiote entre les petites villes de province”. Comme son contemporain Daumier, Rimbaud s’exerce à tracer des caricatures sur un ton cynique et contestataire. (cf caricature à la Daumier Hachette XIXe, p. 493)
Le poème s’organise en 9 quatrains d’alexandrins aux rimes croisées. On peut le diviser en deux parties :
Les six premiers quatrains font une description du public qui se rend aux concerts de l’orchestre militaire le jeudi soir, sur la place de la gare.
Dans les trois derniers quatrains, Arthur Rimbaud se met en scène, par opposition.
On peut donc schématiquement résumer: “les autres” et “moi”.
Nous n’étudierons que la première partie.

Axe de lecture: Nous essaierons de montrer les procédés de la caricature et ce qu’elle dénonce, en examinant successivement: le lieu, les catégories sociales, puis, en reprenant ces catégories, les attitudes et comportements de chacun.

Le lieu:
· Le lieu est précisé en exergue, de la façon la plus prosaïque qui soit. Le choix de la place de la gare pour un concert semble dès l’abord mal venu et un premier signe de la sottise que veut dénoncer Rimbaud. La gare est le symbole de la réussite bourgeoise, de la révolution industrielle réussie.
· La description du décor tient en deux vers: les deux premiers, complétés ensuite par quelques détails dispersés.
· On est frappé immédiatement par la géométrie nette du décor: il s’agit d’une place carrée (un “square”) “taillée” en pelouses (le mot taillée indique quelque chose de net, de géométrique). On a l’impression que la place est nettement divisée par les