On dit parfois du rire qu’il est bête et méchant pourtant au premier abord nous serions tenté de dire que le rire est plutôt joyeux. Déjà à l’Antiquité le rire était source de débat et de grands penseurs mettaient en garde contre les risques qu’engendrait le rire. Ainsi Platon, pourtant fervant défenseur du rire, mettait en garde ses contemporains sur le rire qui pouvait blessé ou être incompris s’il n’était pas utilisé avec intelligence. Quant à Aristote, pour lui le rire ne doit tout simplement pas être. Il le compare à une grimace monstreuse qui déforme le visage et les esprits. Les quatre documents du corpus traitent également de la méchanceté du rire. Trop souvent considéré comme étant une expression de bonheur ou de légèreté, le corpus met en place une interrogation sur les sources du rire, rapellent qu’il peut être méchant, blessant et surtout montrent qui en use et qui le subit. Baudelaire dans l’extrait de « De l’essence du rire» tiré de Critiques d’art de 1856 présente le rire comme un attribut uniquement humain, non pensé par le Créateur et reflétant à juste titre la faiblesse de l’Homme face à ses tentations. Le rire est pour lui la traduction du manque de contrôle de soi et de l’orgueil qui nous guide dans le regard que l’on a sur les autres. Ce que corrobore Henri Bergson dans son ouvrage Le Rire de 1900 où il décrit le rire comme un défaut, une faiblesse de caractère qui traduit notre indifférence face aux problèmes ou à la douleur des autres et nous conforte dans une dynamique de groupe qui exclut celui qui ne nous ressemble pas. Ce rire d’ailleurs si contagieux et fédérateur qui nous rend insensible et stigmatise les minorités, est illustré par deux exemples bien précis. L’un est tiré de la littérature française avec un extrait du roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, où l’on lit l’atroce solitude et la sensation de ridicule que ressent le jeune Charles Bovary le jour de son arrivée dans sa nouvelle classe. Flaubert décrit «ces souvenirs