Roman et révolte de camus
Albert Camus
Chapitre IV : révolte et art
Roman et révolte
Il existe un véritable lien entre roman et révolte tel que le souligne Stanislas Fumet : « L’art, quelque soit son but, fait toujours une coupable concurrence à Dieu ». En effet, l’art et par conséquence le roman qui en est un genre, est le fruit de la révolte de l’homme qui se caractérise par un « oui » d’adhésion sensuelle au monde et par un « non » d’un monde qui bafoue ce désir.
Le roman est avant tout un exercice d’évasion. Mais de quoi s’évade-t-on par le roman ? D’une réalité trop écrasante ? Pas seulement car les gens heureux lisent aussi des romans et une trop grande souffrance ôte à l’homme le goût de la lecture. Le roman, refus du réel, n’apparaît plus simplement comme une fuite mais comme un genre beaucoup plus sérieux comme le souligne Balzac qui termina un jour une longue conversation sur la politique et le sort du monde en disant « et maintenant revenons aux choses sérieuses » en parlant de ses romans.
La contradiction que révèle alors le roman est celle de la révolte : « l’homme refuse le monde tel qu’il est mais refuse de lui échapper » (= « étranges citoyens du monde, exilés dans leur propre patrie). La vie absurde de l’homme est alors celle d’un roman toujours inachevé, où l’amour ne dure pas et le bonheur n’a pas plus de sens que la souffrance. Le genre romanesque, quant à lui, donne alors à la vie une forme et nous permet d’en dominer le fleuve en ayant cette vue panoramique sans en attendre la fin. « Le monde romanesque n’est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l’homme ».
EX : La princesse de Clèves/Mme de La Fayette
« Mme de La Fayette a tiré la Princesse de Clèves de la plus frémissante des expériences. Elle est sans doute Mme de Clèves, et pourtant elle ne l’est point. Où est la différence ? La différence est que Mme de La Fayette n’est pas entrée au couvent et que personne autour d’elle ne s’est éteint de désespoir. Nul doute