Ronsard
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose, A En sa belle jeunesse, en sa première fleur, B Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, B Quand l’aube, de ses pleurs, au point du jour l’arrose ; A
La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose, A Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ; B Mais battue ou de pluie ou d’excessive ardeur, B Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose. A
Ainsi en ta première et jeune nouveauté, C Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, C La Parque t’a tuée et cendre tu reposes. A
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, B Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, B Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses. A
******** Ainsi en ta première et jeune nouveauté, C Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté, C
La Parque t’a tuée et cendre tu reposes. A Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, B Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, B Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses. A
Intro :
Ce poème fait partie du Second livre des Amours qui a été publié en 1578. Il a été rédigé en souvenir de Marie de Clèves, maîtresse follement aimée d’Henri III qui mourut dans la fleur de l’âge, et à laquelle se superpose aussi le souvenir d’une autre Marie, aimée par Ronsard. Ce poème a été rédigé sous forme de sonnet, c’est-à-dire dans une forme poétique nouvelle, venue d’Italie, que Ronsard et ses amis de la Pléiade ont contribué à introduire en France en s’inspirant de Pétrarque, un poète italien du XIVe siècle.
Dans ce poème, Ronsard aborde une thématique qui lui est chère, à savoir le caractère éphémère de la vie, en procédant une nouvelle fois à un rapprochement entre la femme et la fleur. Dans un premier temps, je m’attacherai donc à montrer comment il opère ce rapprochement, via