Ruy blas - acte iii, scène 2 : la dénonciation du pouvoir
C’est dans cet extrait, issu de l’acte III, que Ruy Blas apparaît pour la première fois dans sa fonction de premier ministre. Une ellipse de six sépare l’acte II de l’acte III, et c’est dans la scène précédente que le spectateur apprend l’ascension spectaculaire du héros. La didascalie qui clôt la scène 1 témoigne d’ailleurs de la métamorphose de Ruy Blas : ce n’est plus là le valet timide et soumis qui s’affairait autour de son maître ; désormais, ainsi qu’en témoigne son costume, Ruy Blas est un homme puissant qui, à la tête de l’état, peut se permettre de juger et condamner les ministres corrompus qu’il a en charge. Nous pouvons donc nous demander comment V. Hugo met en scène la critique du pouvoir politique. Nous analyserons donc dans un premier temps la dénonciation à laquelle se livre le héros, avant de voir que le pathétique appel à Charles Quint manifeste son impuissance politique. Enfin nous examinerons dans quelle mesure Ruy Blas se fait ici le porte-parole de V. Hugo lui-même.
I - Une dénonciation politique
Le discours de Ruy Blas est avant tout politique. Le héros structure son texte en trois temps, ponctués d’invectives adressées aux ministres, afin de bien rendre compte de la décomposition de son pays. Ainsi, dans un premier mouvement, il énumère les possessions perdues de l’Empire, puis celles de pays rivaux prêts à exploiter ses faiblesses (v. 1069-1084). Ce premier bilan, accablant, permet de souligner la ruine du pays. Dans un second temps, Ruy Blas insiste sur la menace d’une guerre civile (« Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces »). L’Espagne offre ainsi l’aspect d’un champ de bataille, où sévit le renversement des valeurs, rendu sensible par l’abondance des oppositions : « « Quant aux grands, des aïeux mais pas d’œuvres » ; « Tout se fait par intrigue et rien par loyauté » ; « L’alguazil, dur au pauvre, au riche s’attendrit ». Enfin, dans la dernière