Rédaction
Quand ils se furent tous installés, la femme raconta :
« Tout commença ce matin. Le peuple attaqua le Palais des Tuileries pour défendre la démocratie ; j’en faisais partie. Armés de baïonnettes, de fusils, de sabres et de casques, nous avancions ensembles vers la victoire. C’était très impressionnant de tous marcher côte à côte, j’avais l’impression que rien ne pouvait nous arrêter, je me sentais forte et courageuse. Mais lorsque nous arrivâmes au Palais, la bataille éclata et aussitôt je sentis fondre mon courage, remplacé par la peur et l’horreur. Les balles sifflaient de partout, j’entendais les cris des hommes blessés et les plaintes des mourants, je voyais des personnes tomber au milieu des détonations et du fracas des vitres brisées. Quelle horreur ce fut pour moi ! J’essayais de surmonter ma terreur, et, tirant de temps en temps en direction du Palais, je me cachais du mieux que je pus derrière les décombres. Enfin, la bataille se termina victorieusement pour nous quand nos derniers ennemis prirent la fuite. Alors, tandis que certains prenaient soin des blessés et des morts, nous nous réunîmes pour chanter la Marseillaise afin de célébrer la victoire. C’était très solennel : au milieu des corps et des débris, une espérance nouvelle venait remplacer peu à peu l’horreur inspirée par la bataille et gonfler nos cœurs de fierté. Alors, pris d’un même enthousiasme, nous nous engouffrâmes dans le palais comme une vague déferlante. Nous parcourûmes les salles et les escaliers, courant, haletants, compressés dans cette masse humaine, emportant avec nous tous les curieux qui s’approchaient. Nous formions un contraste étonnant avec le luxe de l’intérieur : nous, les combattants du peuple, encore armés des casques et des baïonnettes, ou la tête ornée du bonnet rouge de la liberté, encore couverts