Réintrégration performance sport
Entretien avec William Gasparini *
Le sport échappe-t-il aux tensions et aux interrogations qui traversent la société ? On pourrait dire qu’il les déplace : il peut dans certaines conditions être un vecteur d’intégration, mais ne fait disparaître ni le racisme, ni les tentations communautaristes. Pour mesurer la portée et les limites de son pouvoir intégrateur, il peut être utile de se confronter aux faits, mais aussi d’interroger les représentations.
William Gasparini
Il existe donc des parcours, une reconnaissance, de la réussite. Mais il ne faut pas oublier que le racisme reste présent dans les stades et sur les terrains, et que des joueurs d’origine étrangère peuvent très fréquemment être renvoyés à leur différence. Par ailleurs, la réussite des quelques footballeurs sélectionnés dans l’équipe de France de football, si elle contribue au mythe du « salut social » par le sport, fait aussi écran à la réalité de l’impasse dans laquelle se trouvent nombre de jeunes issus de l’immigration en difficulté d’insertion socioprofessionnelle. Il faut donc prendre garde à la dimension mythique de la représentation du sport intégrateur : elle amène par ailleurs à sous-estimer les logiques de ségrégation, d’entre-soi, de ghettoïsation qui sont aussi présents dans le monde du sport. Il vient en droite ligne de ce que l’on pourrait nommer l’« idéologie sportive », promue par les pères fondateurs du sport moderne. Très tôt, dans l’Angleterre des années 1830, on a reconnu et
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Les exemples de Michel Platini, Luis Fernandez ou Zinedine Zidane, puisque l’actualité est dominée par le football, nous suggèrent que le sport, mieux que l’économie ou la politique, peut fonctionner comme un ascenseur social pour des jeunes adultes issus de l’immigration. Que le sport permette à des jeunes défavorisés socialement de trouver une reconnaissance est une réalité. Pour certains jeunes dotés d’aptitudes physiques, c’est dans le sport