Rémunérations dans l'industrie financière
14 milliards de livres !!! C’est le montant des bonus accordés aux banquiers britanniques en 2007 soit 50.000 livres par tête (source : The Guardian, août 2007). D'après le quotidien « The Times », la plupart des 350.000 salariés travaillant dans les services financiers à Londres reçoivent chaque année un bonus, qui, pour plusieurs milliers d'entre eux, dépasse le million d'euros, une petite poignée touchant même jusqu'à 10 millions de livres. En pleine crise des subprimes, ce sujet est devenu ultrasensible.
Les bonus accroissent-ils les risques ?
Par Olivier GODECHOT
Olivier GODECHOT est un sociologue, chargé de recherche au CNRS. Il travaille sur les rémunérations dans l’industrie financière et sur les réseaux et le recrutement dans le monde académique.
La crise des subprimes a rappelé qu’il est souvent considéré que l’innovation financière est propice à la sous-estimation collective des risques. La principale raison avancée provient de l’organisation des bonus dans l’industrie financière et l’incidence de ceux-ci sur la prise de risques et les conditions d’élaboration des comptes. En effet, si dans l’industrie financière, le bonus a pour buts d’inciter les salariés à faire des profits et à les retenir, ils conduisent aussi ceux-ci à prendre des risques afin de maximiser les profits et donc les bonus. Il est donc nécessaire dans un premier temps de comprendre l’organisation des bonus dans les banques, c’est-à-dire la construction et la répartition de ceux-ci.
Le budget de bonus, calculé sur la base d’une « ligne métier » (centre d’activité), utilise une formule qui s’applique sur la « valeur créée ». Cette « valeur créée » appelée profit net est le résultat du produit net bancaire diminué des frais généraux, frais de structure, des éventuelles provisions pour risques et du coût des fonds propres, ce dernier correspondant à la rémunération au titre du risque et des fonds propres que la banque affecte à